Comment décarboner la filière du vin ?

Pour décarboner le secteur viti-vini, les différents acteurs de la chaîne de valeur devront travailler de concert. Cette démarche collective assurera la pérennité de leurs activités.

Pourquoi la filière vin doit-elle se décarboner ?

L’agriculture joue un triple rôle, vis-à-vis du dérèglement climatique. Elle est à la fois victime, cause et solution. Il en va de même pour le secteur viticole-vinicole, qui voit se succéder, depuis une dizaine d’années, des événements climatiques extrêmes (pluies, sécheresses, fortes chaleurs, gel tardif, grêle, maladies…) qui impactent la vigne mais aussi les rendements. L’ensemble de ces aléas pèse lourdement sur la filière, déjà touchée par des difficultés économiques.

L’adaptation à ces intempéries, accentuées par le changement climatique, s’avère incontournable pour la pérennité de la filière. Toutefois, pour atténuer le réchauffement et ses conséquences, la réduction des émissions de gaz à effet de serre et le stockage de carbone dans les sols et les vignes apparaissent comme indispensables.

Répartition des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur vin

Par ailleurs, certains postes du secteur du vin portent la majorité des émissions de gaz à effet de serre de la filière :

  • emballage en verre pour 40 % environ
  • transport lié à l’export (15 à 20 %)
  • viticulture pour 15 à 20 % (combustion de carburant à l’occasion des travaux viticoles, fabrication et épandage d’engrais de synthèse)

La répartition indiquée oscille en fonction du type d’activité (contenant, part d’export, etc.).

Quelles actions de décarbonation un acteur du vin peut-il réaliser ?

La ventilation des émissions présentée ci-dessus permet de prioriser les actions de réduction des émissions, pour les :

  • Emballages : réduction du poids de la bouteille, recours au verre coloré ou à des conditionnements alternatifs (canettes, Bag-in-box…) ;
  • Énergie: démarches d’efficacité énergétique, remplacement des équipements énergivores (chariots élévateurs au propane, chaudières au fioul…) ou production d’énergies renouvelables ;
  • Stockage du carbone: plantation de haies en bordure de parcelles, emploi d’engrais organiques qui améliorent la santé des sols, enherbement des inter-rangs grâce à des couverts végétaux.

Pourquoi est-il nécessaire d’agir au niveau de la filière ?

D’après notre expérience, un tel plan, déjà ambitieux, pourrait permettre de réduire de 20 % les émissions d’un seul acteur. Afin d’atteindre les objectifs fixés pour la filière par la SBTi d’ici à 2030, il faudra travailler avec l’ensemble de la chaîne de valeur, en agissant au bon endroit.

Quelles actions de décarbonation la filière peut-elle mettre en œuvre ?

  1. Réduire l’impact du verre

L’ensemble des verriers doit se mobiliser pour décarboner la production de bouteilles. Le développement du réemploi pourra être activé à travers une coordination de différents acteurs (verriers, éco-organismes, logisticiens, acteurs du vin) pour faire émerger un système commun.

  1. Réduire les émissions dues au transport

Pour la décarbonation de la logistique, le secteur viti-vinicole devra agir conjointement avec la distribution, qui est décisionnaire sur le fret. La logistique doit réfléchir et investir dans des véhicules à carburants alternatifs, le recours au transport ferroviaire ou fluvial. Les infrastructures devront aussi évoluer en conséquence.

  1. Former et agir collectivement

Dans le cas du secteur viticole, un travail collectif soutient les vignerons dans la connaissance de leurs impacts et des leviers d’action associés, mais aussi dans l’évolution de leurs pratiques. En effet, avec leur organisation et les fonds dont ils disposent, les maisons de vin, coopératives et autres intermédiaires du vin ont les outils pour les former.

Comment initier la décarbonation de la filière vin ?

Avant la mise en œuvre de ces actions, chaque acteur devra connaître ses impacts et identifier à quelle étape de la chaîne de valeur ils interviennent. Cela facilite la définition des priorités à inscrire au sein de sa feuille de route et des leviers à employer avec les fournisseurs, clients et partenaires.

Dans un vignoble, un homme blanc tend un seau plein de raisins à un autre homme blanc

Quels sont les bénéfices à agir collectivement ?

La Banque mondiale souligne que les investissements pour le climat dans le secteur agroalimentaire assureraient des bénéfices 16 fois supérieurs aux coûts estimés en 2030. Et ce sur des enjeux économiques, comme l’emploi ou la santé, la biodiversité, ou la sécurité alimentaire.

De manière générale, agir collectivement est un moyen d’aborder de nouvelles solutions, d’identifier de nouveaux marchés ou modèles économiques, et d’élaborer de nouveaux types de financements.

Le viticulteur, en optimisant ses coûts et en sécurisant ses rendements pourra aussi améliorer ses revenus. De leur côté, les intermédiaires renforceront leur relation de confiance avec leurs fournisseurs et pérenniseront leur approvisionnement tout en réduisant leurs émissions de scope 3.

C’est donc l’ensemble de la chaîne de valeur qui améliorera sa résilience face aux événements climatiques, mais répondra également aux attentes de ses marchés en faisant preuve d’innovation.

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